24 heures de rêve et d’éveil
Samad Behringui
Présentation du livre (suggestion) Format du livre : 14,8x21cm Illustration de la couverture : 14,8x21cm - Tif : 300dpi Papier Couverture : 250gr/m² Papier couché Nombre de Page de Couverture : 4 pages - Standard Finition Papier Couverture : Mat Pelliculage mat sur l'extérieur de la couverture Papier des pages intérieures : 115gr/m² Reliure : Dos collé Sans couture 48 Pages + 4 pages de couverture |
Chers lecteurs,
Je n'ai pas rédigé le récit de « 24 heures de rêve et d'éveil » pour l'exemple. Mon intention est de te permettre de mieux connaître les enfants de ton pays et que tu réfléchisses à la solution de leur souffrance.
Samad Behraingui – Eté 1967
Si, je voulais écrire tout ce qui m'est arrivé à Téhéran, cela produirait plusieurs ouvrages et ce serait peut-être ennuyeux pour tout le monde.
Ainsi, je ne raconterai que les dernières vingt-quatre heures, qui ne devraient pas être si pénibles.
Bien sûr, je dois aussi vous dire pourquoi mon père et moi sommes venus à Téhéran.
Mon père était sans travail depuis plusieurs mois.
Un jour, il s’est résolu à laisser ma mère, ma sœur et mes frères dans notre ville, a saisi ma main et nous sommes venus à Téhéran.
Plusieurs de nos connaissances et voisins y étaient auparavant venus et avaient pu trouver du travail.
Dans cet espoir, nous y sommes allés.
Quelqu’un que nous connaissions avait un stand de briques de glace. Un autre se procurait et revendait des vêtements usagés. Un troisième était vendeur d'oranges.
Mon père a lui aussi réussi à se procurer une charrette à bras et il est devenu marchand ambulant.
Il vendait des oignons, des pommes de terre, des concombres et d'autres légumes, gagnant assez pour nous nourrir et expédier quelque chose à ma mère.
Parfois, j'accompagnais mon père dans ses tournées, et quelques fois, je traînais seul dans les rues, ne retournant chez mon père que le soir.
Occasionnellement, je vendais pour un sou une boite de chewing-gum, des divinations de Hafez et d'autres broutilles du genre.
Passons maintenant à l'essentiel.
Ce soir-là, nous étions, Ghâssème, le fils de Zivar - vendeuse de billets de loterie -, Ahmad Hosseïn, et moi.
Une heure, plus tôt, devant la banque, deux autres garçons avaient fraternisé avec nous.
Nous étions assis tous les quatre sur les marches devant la banque pour nous mettre d’accord du lieu où nous allions lancer les dés, lorsque les deux nouveaux sont arrivés s'asseoir à côté de nous.
Ils étaient plus âgés.
L'un était borgne.
L'autre portait de nouvelles chaussures noires, mais un genou crasseux sortait d'un trou de son pantalon. Ils étaient encore plus mal lotis que nous.
Tous les quatre, nous avons commencé à jeter des regards furtifs aux chaussures. Ensuite, nous nous sommes regardés et nos regards signifiaient : « Ho les gars, faites attention ! Nous avons à faire à un voleur de chaussures ».
Le garçon a remarqué nos regards et a dit : « Qu'est-ce qu'il y a ? N’avez-vous jamais vu de chaussures ? »
« Laisse-les tranquilles, Mahmoud,» a dit son ami borgne. « Tu ne vois pas leurs nombrils et leurs fesses à l’air ? Ces misérables n’ont jamais vu de chaussures. »
« Tu as raison, c'était une question absurde, » a acquiescé, Mahmoud. « J'observe leurs pieds nus et je leur demande s'ils n'ont jamais arboré de chaussures ! »
Le borgne a dit : « Tout le monde n'a pas un papa aisé comme le tien qui dépense de l'argent sans compter pour se procurer de nouvelles chaussures à son enfant. »
Tous deux ont éclaté de rire. Nous quatre étions entièrement désarmés. Ahmad Hosseïn a observé le fils de Zivar. Puis, ils ont regardé Ghâssème. Par la suite, tous les trois m’ont fixé : « Que faire ? Engager la bagarre ou les laisser nous charrier. »
« Espèce de voleur ! » Ai-je défié Mahmoud à voix haute, « Tu as dérobé les chaussures ! »
Ils ont éclaté de rire tous les deux. Le borgne frôlait les côtes de son copain avec son coude et disait : « Ne l’avais-je pas dit Mahmoud ?… Ha haha ! … Ne l’avais-je pas dit ? … Hehheh … Heh … Heh!… »
Des voitures de toutes les couleurs étaient stationnées le long de l’avenue, si serrées qu'il semblait y avoir un mur d'acier tendu devant nous.
Une voiture rouge juste devant moi a démarré, ouvrant un espace me permettant de voir l’avenue.
Toutes sortes de véhicules - taxis, voitures, bus - occupaient la rue et se déplaçaient lentement pare-chocs contre pare-chocs, faisant beaucoup de bruit.
Ils semblaient se bousculer et se criaient dessus. À mon avis, Téhéran demeure l’endroit le plus fréquenté du monde et cette avenue la plus encombrée de Téhéran.
Le borgne et son ami étaient sur le point de s'évanouir de rire. J’espérais que l’on se bagarre. J'avais appris un nouveau juron et je voulais l'essayer, même pour à la moindre excuse.
J'aurais aimé que Mahmoud me gifle. Alors, je pourrais me mettre en colère et lui dire : « Tu me frappes ? Je te tranche les roustons avec un couteau ! Oui, moi ! ».
Dans cet état d’esprit Furieux, j’ai attrapé Mahmoud par le col et j’ai crié : « Si tu n’es pas un voleur, alors qui t’a acheté ces chaussures ? »
Cette fois, ils ont arrêté de rire. Mahmoud s’est dégagé vivement et a dit : « Assieds-toi. Est-ce que tu comprends ce que tu dis ? »
Le borgne nous a séparés en disant : « Laisse-le partir, Mahmoud. Tu ne vas pas commencer à te bagarrer à cette heure du soir. Profitons du plaisir pendant que ça dure. »
Nous quatre, nous voulions nous battre, mais Mahmoud et le borgne voulaient juste plaisanter et rire.
« Écoute, Frère », m’a dit Mahmoud, « nous ne voulons pas nous battre ce soir. Si vous voulez la bagarre, attendez jusqu'à demain soir. »
Le borgne a dit : « Ce soir, nous voulons juste parler et rire un peu. D'accord ? »
« Très bien », dis-je.
Une voiture élégante s'est arrêtée en face et s'est garée dans l’espace qui était resté libre.
Un homme, une femme, un petit garçon et un caniche blanc sont sortis de la berline.
Le petit garçon avait exactement la même taille qu'Ahmad Hosseïn et portait un short, des chaussettes blanches et des sandales bicolores. Ses cheveux étaient peignés et huilés. Dans une main, il tenait une paire de lunettes de soleil à monture blanche et son autre main était dans celle de son père.
La femme, aux bras et aux jambes dénudés et portant des chaussures à talons hauts, tenait la laisse du chiot. En passant près de nous, nous avons respiré un parfum agréable.
Ghâssème saisit un objet qui était sous ses pieds et le lança violemment à l'arrière de la tête du petit garçon.
Le petit garçon s’est retourné, nous a toisés et a dit : “Clochards!”
« Va te faire voir, fils à papa ! » Cria Ahmad Hosseïn en rage.
J'ai saisi l'opportunité et j’ai crié : « j’arrive te couper les burnes avec un couteau »
Mes copains ont tous éclaté de rire.
Le père a tiré la main du petit garçon et ils sont entrés dans un hôtel quelques mètres plus hauts dans la rue.
De nouveau, tous les yeux se sont à nouveau fixés sur les nouvelles chaussures de Mahmoud.
« Les chaussures ne sont pas vraiment si importantes pour moi », a ajouté Mahmoud amicalement. « Si tu veux, tu peux les avoir. »
Puis, il s'est tourné vers Ahmad Hosseïn et lui a dit : « Viens ici, petit. Allez, enlève-moi ces chaussures et chausse-toi. »
Ahmad Hosseïn a jeté un regard suspect aux pieds de Mahmoud, et, n'a pas bougé.
« Qu’attends-tu ? » A demandé Mahmoud. « Tu ne veux pas les chaussures ? Eh bien, viens les chercher. »
Cette fois-ci, Ahmad Hosseïn s’est levé, est allé vers Mahmoud et s’est penché pour enlever les chaussures.
Nous regardions tous les trois, sans prononcer un mot.
Ahmad Hosseïn a saisi fermement le pied de Mahmoud et l'a tiré, mais ses mains ont glissé et il est retombé sur le dos sur le trottoir.
Mahmoud et le borgne ont éclaté d'un tel rire que j'étais sûr qu’ils auraient mal à l’estomac.
Les mains d'Ahmad Hosseïn étaient noires.
Le borgne n'arrêtait pas de tapoter les côtes de Mahmoud en disant : « Ne l'avais-je pas dit, Mahmoud ! Ha, ha… Ha ! Ne l'avais-je pas dit ? … Heh, heh, heh … ! »
On pouvait apercevoir les traces qu’avaient laissées où les doigts d'Ahmad Hosseïn quand ils avaient glissé sur le pied de Mahmoud.
Nous trois avons finalement réalisé tous les trois que nous avions été trompés.
Le rire de ces deux farceurs était contagieux ; nous avons éclaté de rire aussi.
Vexé, Ahmad Hosseïn s'est levé du trottoir, nous a regardés quelques instants, puis il s'est mis à rire aussi.
Nous avons ri comme jamais !
Les passants nous regardaient, puis poursuivaient leur chemin.
Je me suis penché et j'ai examiné attentivement le pied de Mahmoud - il n'y avait pas de chaussure !
Mahmoud avait tout simplement ciré ses pieds pour créer l'impression qu'il portait de nouvelles chaussures noires. Quel farceur, c'était un leurre !
« Jouons aux dés », suggéra Mahmoud.
Je possédais quatre rials. Ghâssème n'a pas dit combien il avait. Les deux amis de fraîche date disposaient de cinq rials. Le fils de Zivar détenait dix rials. Ahmad Hosseïn ne possédait rien.
Un peu plus loin dans la rue, il y avait un magasin fermé.
Nous sommes allés nous asseoir devant la boutique et avons commencé à lancer les dés.
Le tirage au sort a désigné le fils de Zivar. Il a jeté les dés et il a eu un 5.
Puis, c’était le tour de Ghâssème. Il les a jetés et a eu un 6. Il a pris un sous un sou du fils de Zivar. Ensuite, il a rejoué à nouveau, il a eu un 2.
Il a donné les dés à Mahmoud. Il les a jetés et a obtenu un 4. Il a pris 2 rials de Ghâssème. Il a frappé gaiement dans ses mains et a dit : « Quelles bénédictions ! C’est mon jour de chance ! »
On a lancé les dés par paire, en jouant successivement.
Deux jeunes hommes convenablement habillés sont arrivés par la droite, Ahmad Hosseïn a couru devant eux et a mendié : « Un rial… Monsieur, donnez-moi un rial… Que Dieu vous bénisse ! …»
L'un des hommes a repoussé Ahmad Hosseïn et l'a écarté. Ahmad Hosseïn a couru à nouveau devant eux et l’a supplié : « Monsieur, donne-moi un rial… Un rial ne représente rien du tout… Que Dieu te bénisse… »
Alors qu'ils passaient devant nous, le jeune homme l’a saisi par le cou, l'a soulevé et l'a déposé sur le ventre, sur la barrière de sécurité pour piétons, de façon à ce que sa tête pende vers la rue et ses pieds vers le trottoir.
Ahmad Hosseïn s’est débattu jusqu'à ce que ses pieds atteignent le sol, puis il s'est tenu juste là, au bord du caniveau.
Deux jeunes femmes souriantes et un jeune homme se sont approchés par la gauche.
Les jeunes femmes exhibaient de robes ravissantes courtes et colorées et marchaient de chaque côté du jeune homme.
Ahmad Hosseïn a accouru et a supplié l'une des filles, « Mademoiselle, que Dieu te bénisse, donne-moi un rial… J'ai faim… Un rial ne représente rien du tout… Que Dieu te bénisse ! … Mademoiselle, un rial ! »
La fille l’a ignoré.
Ahmad Hosseïn l’a à nouveau supplié. Cette fois, elle a saisi de l'argent dans son sac à main et l'a placé dans la paume de la main d'Ahmad Hosseïn. Il est revenu vers nous, souriant, et a dit : « Je vais jouer aussi. »
« Où est ton argent ? » A demandé le fils de Zivar.
Ahmad Hosseïn a ouvert son poing et a montré. Une pièce de deux rials était dans la paume de sa main.
Ghâssème a dit : « Tu as encore mendié!? » Il était sur le point de frapper Ahmad Hosseïn, lorsque Mahmoud lui a attrapé le bras et l'a arrêté.
Ahmad Hosseïn n'a rien dit, s'est juste fait une place et s'est assis.
Je me suis levé et j'ai dit : « Je ne lance pas de dés avec des mendiants. »
À présent, je ne possédais plus qu'un seul rial. J'avais perdu trois de mes quatre rials.
Mahmoud maladroit au jeu, a dit : « Assez de lancer de dés. Jouons - au pied du mur -. »
Latif,” me dit Ghâssème, « Ne gâche pas le jeu avec tes bavardages. »
Puis il a demandé : « Qui veut lancer les dés ? ».
« Jette-les tout seul », a déclaré le borgne. « Nous allons jouer au pied du mur. »
Le fils de Zivar s’est adressé à Ghâssème et a dit : « C'est inutile de lancer les dés avec lui. Il réussit généralement un cinq et un six. Jouons aux piles ou face. »
« Très bien », a déclaré Ahmad Hosseïn.
« Non, » dit Mahmoud, « au pied du mur. »
La rue devenait paisible. Plusieurs magasins en face avaient fermé. Pour amorcer le jeu, chacun de nous a jeté un rial du bord du caniveau au pied du mur. Les pièces de monnaie étaient encore là, qu’Ahmad Hosseïn cria : « Agent ! »
Le policier, Matraque en main, était à deux ou trois pas de nous.
Ahmad Hosseïn, le borgne et moi, nous nous sommes enfuis. Mahmoud et le fils de Zivar se sont échappés juste derrière nous. Ghâssème était sur le point de recouvrer l'argent au pied du mur lorsque le flic l'a atteint.
L'agent l'a frappé avec sa Matraque. Ghâssème hurla de douleur, et s'enfuit.
Il cria après lui. « Bande de vagabonds, parieurs d’argent, vous ne possédez pas de maison, ni de famille ? Vous n'avez pas de mère, ni de père ? » Puis, il s’est penché, il a ramassé les rials et il est parti.
Après avoir passé l'intersection, je suis resté seul. Le restaurant de kébab de l'autre côté de la rue était fermé. J'étais en retard. Lorsque l'apprenti du restaurant abaissait le volet en fer à mi-chemin, il était temps de retourner auprès de mon père.
Je me dépêchais en traversant les rues et les carrefours en me disant : « À présent, mon père s'est sûrement endormi. J’aurais aimé qu’il m’attende… Désormais, il doit être endormi. »
Puis, je me suis dit : « Et le magasin de jouets ? Il est à présent fermé aussi. Qui achètent des jouets à cette heure du soir ? Ils ont certainement entassé mon chameau dans le magasin, ils ont verrouillé la porte et sont partis… J'aurais aimé pouvoir parler à mon chameau. »
J'ai peur qu'il oublie ce que nous avions prévu hier soir. S’il ne vient pas ? … Non. Il viendra à coup sûr. C’est lui-même qui a dit qu'il viendra ce soir m'emmener faire un tour dans Téhéran. La promenade à dos de chameau doit être plaisante !…
Soudain, j’ai distingué un sifflement de frein, et j'ai été projeté dans les airs si fort que j'ai cru être précipité dans l'autre monde.
Quand, je suis retombé sur la chaussée, j'ai réalisé qu'une voiture au milieu de la rue m'avait heurté, mais, miraculeusement, je n'ai pas été blessé.
Je me frottais le poignet quand une femme a surgi sa tête de la voiture et a crié : « Eh bien, éloigne-toi de la voiture ! ... Tu n’es pas une statue après tout. »
Je me suis ressaisi. Une femme âgée excessivement maquillée était au volant.
Un grand chien, au collier brillant, s'étant accroupi à ses côtés surveillait dehors.
Soudain, j'ai senti que si je ne faisais pas quelque chose immédiatement - comme casser les vitres de la voiture - j'exploserais sous la force de ma colère et je ne pourrais jamais bouger de cet endroit.
Une ou deux autres voitures sont passées et nous ont dépassées. La femme âgée a sorti la tête et était sur le point de me dire quelque chose quand je lui ai craché au visage, je l’ai injurié plusieurs fois, puis, je me suis enfui.
Après m’être éloigné un peu, je me suis assis sur la marche d'un magasin fermé. Mon cœur s'emballait à toute allure. Le magasin avait des grilles métalliques. L’éclairage à l'intérieur du magasin était allumé. Toutes sortes de chaussures étaient en vitrine.
Un jour, mon père m’avait dit que même avec nos gains de dix jours de travail, nous ne pourrions pas acheter une paire de chaussures comme celle-là.
J'ai appuyé ma tête contre la porte et j'ai allongé mes jambes. Mon poignet me faisait encore mal et mon estomac me rongeait.
Je me suis souvenu que je n'avais rien mangé. « Ce soir, je vais devoir me rendormir affamé, » me dis-je. « J'aurais aimé que mon père ait pu conserver quelque chose pour moi…»
Soudain, je me suis souvenu que ce soir mon chameau venait m'emmener faire une balade. Je me suis ressaisi et j'ai vivement poursuivi mon chemin.
Le magasin de jouets était fermé, mais j'entendais les jouets derrière la vitre et la grille en fer.
Le train de marchandises était en marche et sifflait.
Le gros ours noir était assis derrière la mitrailleuse et semblait tirer des balles, et effrayait les ravissantes poupées.
Les singes sautaient d'un coin à l'autre et se pendaient parfois à la queue du chameau jusqu'à ce que le chameau les gronde.
Un âne aux longues oreilles se serrait et frottait les dents et il brayait. Il laissait les oursons et les poupées monter sur son dos et les portait en sautillant.
Le chameau écoutait les tic-tacs de l'horloge murale comme s’il avait pris rendez-vous avec quelqu'un.
Les avions et les hélicoptères survolaient.
Les tortues somnolaient dans leurs carapaces.
Les chiennes allaitaient leurs chiots.
Un chat recueillait discrètement les œufs du fond d'un panier.
Le singe noir avait posé mon harmonica, qui était immanquablement dans la vitrine, sur ses lèvres épaisses et en extrayait de sons agréables.
Les poupées étaient montées dans des voitures et des bus et se baladaient.
Les chars, les fusils, les pistolets et les mitrailleuses tiraient à la hâte des balles et des obus.
Les lapereaux blancs tenaient d'énormes carottes entre leurs pattes et les rongeaient de manière à ce que leurs bouches immenses, ouvertes jusqu'à leurs oreilles, montraient leurs dents.
Le plus important demeurait mon chameau, qui aurait tout dérangé, s’il essayait de bouger. Il était si grand qu'il n'y avait pas de place pour lui dans la vitrine, alors, il se tenait sur le trottoir toute la journée et observait les passants.
À présent, il se tenait au milieu du magasin, faisant sonner les cloches autour de son cou, en mastiquant de la gomme à mâcher et pointant ses oreilles dans la direction de l'horloge.
Par moments, une rangée de bébés chameaux aux poils blancs criait de leur cage : « Maman, si tu sors, on vient aussi, d'accord ? »
Je voulais murmurer deux mots à mon chameau, mais il ne percevait pas mes cris. J'ai assené plusieurs coups de pied à la porte, espérant que les autres se tairaient. Mais, juste à ce moment-là, quelqu'un m'a saisi par l'oreille et m'a dit : “Tu es insensé, fripouille ? Va-t'en, va dormir.”
Ce n’était plus la peine d’y rester. Je me suis libéré de l’agent et suis parti pour ne plus être davantage en retard. Quand, je suis arrivé auprès de mon père, les rues étaient toutes calmes et désertes. Quelques rares taxis passaient.
Mon père dormait sur sa charrette dans une telle position que si je voulais dormir là aussi, je devais le réveiller et lui faire bouger ses jambes.
D'autres chariots sur lesquels dormaient des personnes se trouvaient au bord du caniveau ou à côté du mur. Plusieurs personnes s'étaient endormies par terre.
Il y avait une intersection ici, où quelqu'un de notre ville natale avait un stand de glace.
Je me suis endormi debout, alors que je m’y étais adossé, je me suis lentement effondré au pied de notre charrette.
Je percevais le tintement des clochettes du chameau.
Ding-dong ! … Ding-dong ! … Ding-dong ! …
« Ohé ! Où en es-tu Latif ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? Pourquoi tu ne viens pas ? »
Ding-dong ! … Ding-dong ! … Ding-dong! …
« Mon cher Latif, m'entends-tu ? Je suis le chameau. Je suis venu pour que nous puissions faire une balade. Eh bien, viens !
Alors que le chameau atteignait le porche, je suis sorti du lit, j'ai sauté, atterrissant sur son dos. J'ai dit en riant : « Je suis assis sur ton dos, alors, pourquoi cries-tu ? »
Le chameau était heureux de me voir. Il a mis un chewing-gum dans sa bouche, m'en a donné aussi, et nous avons poursuivi notre chemin.
Après que nous ayons fait un petit bout de chemin, le chameau a dit, « J'ai apporté ton harmonica. Saisis-le et interprète quelque chose. »
J'ai pris mon bel harmonica et j'ai commencé à souffler dedans avec énergie. Le chameau a accompagné mon instrument avec le tintement de ses nombreuses cloches.
Le chameau tourna la tête vers moi et demanda : « Latif, as-tu dîné ? »
« Non, je ne disposais pas d'argent. »
« Alors, allons avant tout dîner. »
À ce moment, un lapin blanc a sauté d'un arbre et a dit : « Cher chameau, nous dînons à la villa ce soir. Je vais aller les avertir. Venez de votre côté. »
Le lapin a jeté le bout de carotte qu'il avait mâché dans le caniveau, en sautillant et il s’est éloigné.
« Sais-tu ce que signifie villa ? » A demandé le chameau.
« Je pense que cela signifie les quartiers d'été. »
« Non », dit le chameau, « pas les quartiers d'été. Les riches se bâtissent des maisons splendides et somptueuses dans des endroits au climat agréable afin que chaque fois qu'ils en ont envie, ils puissent y aller pour se reposer et s'amuser. Ces maisons sont appelées villas. Les villas ont des piscines, des fontaines, de jardins immenses et des parcelles fleuries. Ils ont une brigade de jardiniers, de cuisiniers, de domestiques et de femmes de chambre. Certains riches possèdent plusieurs villas dans des pays étrangers, en Suisse et en France par exemple. À présent, nous allons dans une de ces villas du nord de Téhéran pour échapper à la chaleur estivale pour nous y rafraîchir. »
Le chameau a formulé cela et c’était comme s’il lui avait poussé des ailes. Nous avons volé dans les airs comme des oiseaux.
Sous nos pieds, il y avait de maisons agréables immaculées. Il n'y avait aucune odeur de fumée ou de saleté dans l'air. Les maisons et les ruelles étaient de telle sorte que je pensais regarder un film. J'ai demandé au chameau : “Avons-nous quitté Téhéran ?”
« Qu'est-ce qui t’incite à penser ça ? » , dit le chameau.
« Eh bien, » ai-je dit, « ici, il n'y a aucune odeur de fumée ou de saleté. Les maisons sont toutes immenses et ravissantes comme un bouquet de fleurs. »
Le chameau rit et répondit : « Tu as raison, mon cher Latif. Téhéran présente deux parties, chacune possède ses propres caractéristiques. Le nord et le sud. Le nord est propre, mais le sud est plein de fumée, de crasse, de poussière et de saleté, parce que tous les bus détériorés circulent dans cette section. Tous les fours des usines de briques sont dans ces quartiers. Tous les camions et les voitures diesels le traversent. De nombreuses ruelles et rues sont en terre battue. Toute l'eau souillée et pourrie des caniveaux à ciel ouvert du nord se déverse vers le sud. En un mot, le sud est le lieu où vivent les pauvres et les affamés, et le nord demeure le quartier des riches et des puissants. As-tu auparavant remarqué des bâtiments en marbre de dix étages à ' Hassirabad ',' Naziabad 'et ' Haji Abdol Mahmoud Avenue ' ? Au nord, existe de hauts immeubles avec des élégantes boutiques au rez-de-chaussée, et leurs clients possèdent des automobiles de luxe et des chiens valant plusieurs milliers de tomans. »
J'ai dit : « Dans le sud, on n'aperçoit pas de telles choses. Là-bas, personne ne possède de voiture, mais beaucoup de gens possèdent des charrettes à main et dorment dans des bidonvilles. »
J'avais tellement faim que je pensais que le bas de mon estomac se transformait en trou.
Sous nos pieds, se trouvait un immense jardin aux lumières colorées, plein de fraîcheur, de fleurs et d'arbres.
Un bâtiment de belle taille se trouvait au centre de ce jardin ressemblant à un bouquet de fleurs et à plusieurs mètres plus loin, il y avait un bassin avec une l’eau limpide et des poissons rouges, entouré de tables et de chaises, et beaucoup de fleurs. De nombreux aliments aux parfums enivrants étaient disposés sur les tables.
Le chameau a dit : « Descendons. Le dîner est prêt. »
« Mais où est le propriétaire du jardin ? »
« Ne t'inquiète pas pour lui, » dit le chameau. « Il s'est endormi, les mains liées au sous-sol. »
Le chameau s’est assis sur les carreaux colorés de la piscine, j’ai sauté et je suis descendu de son dos. Le lapin était là. Il m’a pris la main et m'a conduit à l'une des tables. Peu après, les invités sont arrivés.
Les poupées en voiture, un groupe en avion et en hélicoptère, l'âne avec des enjambées rapides, les tortues suspendues aux queues des chamelons, les singes sautillants et les lapins galopants sont arrivés simultanément.
C'était une fête insolite et bruyante avec de la nourriture dont le seul parfum vous mettait l'eau à la bouche : des dindes frites, des brochettes de poulet et d’agneau, toutes sortes de plats de riz et de viandes mijotées, et de nombreux autres plats que je ne reconnaissais même pas. Tout ce que tu voulais comme fruits et en abondance, placés à portée de main.
Le chameau se tenait de l'autre côté de la piscine, il a fait signe à tout le monde de garder le silence et dit : « Bienvenue à tous, petits et grands. C'est un plaisir de vous accueillir ici, mais j'aimerais vous demander si vous savez pourquoi nous avons organisé ce festin somptueux ? »
« Pour Latif. » A déclaré l'âne, « Nous voulions qu'il déguste un repas copieux pour lui remonter le moral. Pour qu’il n'éprouve pas de regret. ».
L'ours derrière la mitrailleuse a dit : « Eh bien, Latif vient nous voir si fréquemment que nous aussi, nous l'aimons. »
« C'est exact. » A acquiescé le léopard. « Tout comme Latif veut nous posséder, nous voulons lui appartenir. »
Le lion a dit gravement : « Oui. Les enfants des riches se lassent très vite de nous. Leurs pères, leurs achètent de nouveaux jouets tous les jours. Ils se divertissent avec eux une ou deux fois, puis ils se lassent et ne jouent plus. Ils nous abandonnent prématurément et laissent pourrir et périr. »
J'ai dit : « Si, vous m'appartenez tous, je vous promets que je ne me lasserai jamais de vous. Je jouerai tous les jours avec vous et je ne vous laisserai pas seuls. »
Les jouets ont dit d'une voix identique : « Nous savons. Nous te connaissons parfaitement bien. Mais nous ne pouvons pas t’appartenir. Ils nous vendent beaucoup trop cher. »
Puis l'un d'eux a dit : « Je ne pense pas que même un mois de revenus de ton père suffirait à acquérir l'un d’entre nous. »
Le chameau a prié à nouveau les autres de garder le silence et a continué : « Revenons à l’essentiel. Vos commentaires sont tous justes, mais nous avons planifié cette rencontre pour quelque chose de très important dont vous n’avez pas parlé. »
J'ai à nouveau saisi la parole : « Je sais pourquoi vous m'avez amené ici. Vous vouliez me dire que tout le monde ne va pas dormir le ventre vide comme mon père et moi. »
Plusieurs hommes et femmes étaient assis autour d’une table et mangeaient à la hâte. C'était incontestable qu’ils étaient les domestiques et les femmes de chambre de la maison.
J'ai commencé à manger aussi, mais j'éprouvais l’impression d’avoir un trou au fond de mon estomac, de sorte que peu importe combien je mangeais, cela ne suffisait pas, et mon estomac continuait à grogner et à gargouiller, comme toutes ces fois où j'avais très faim. J'ai pensé que je rêvais et c’était pour cette raison que je ne me rassasiais pas. Je me suis frotté les yeux. Ils étaient parfaitement ouverts.
Je me suis dit : « Est-ce que je dors ? Non, je ne dors pas. Les paupières d'une personne qui dort sont fermées, et ne voient pas. Alors pourquoi, ne suis-je pas rassasié ? Pourquoi, je sens mon estomac me ronger ? »
Maintenant, je marchais autour du bâtiment et j'effleurais les pierres coûteuses de ses murs.
Je ne savais pas d'où venaient la poussière et la saleté, qui me frappaient du plein visage.
À présent, j'étais au sous-sol de la villa, alors j'ai pensé que c'était pour ça que l'air était poussiéreux.
Sur la première marche, la poussière a envahi mon nez et ma bouche si violemment que j'ai éternué : « Atchoum ! ... »
« Que s'est-il passé ? » Je me suis demandé. « Où suis-je ? »
Le balai de l’éboueur est venu juste devant moi et a projeté la poussière du trottoir sur mon visage.
Je me suis dit : « Que s'est-il passé ? Où suis-je ? Est-ce que je rêve ? »
Mais non, je ne dormais pas. J'ai aperçu la charrette de mon père et j’ai distingué le bruit des taxis. Puis, dans la lumière de l’aube, j’ai distingué les bâtiments du carrefour. J'étais donc réveillé. Le balayeur était parti, mais, plus loin, il soulevait sans cesse de la poussière et de la saleté, faisant des stries sur le trottoir en avançant.
Je me suis dit : « Alors, j’avais rêvé ? Non ! … Oui, c'était un rêve. Non ! … Non ! … Non ! … »
Le balayeur est réapparu et m'a regardé.
Mon père s'est penché du chariot et a demandé : « Latif, tu dors ? »
J’ai dit : « Non ! … Non ! … »
« Si, tu ne dors pas, pourquoi cries-tu ? » A demandé mon père. « Viens à côté de moi. »
Je suis monté. Mon père a disposé son bras sous ma tête, mais je n’arrivais pas à me rendormir. Mon estomac me rongeait. Il était collé contre ma colonne vertébrale. Mon père a vu que je ne dormais pas et a dit : « Tu étais en retard hier soir. J'étais fatigué, alors je me suis endormi tôt. »
« Deux voitures ont eu un accident, je me suis arrêté et je les ai regardées. C'est pourquoi j'étais en retard. »
Puis j'ai demandé : « Père, les chameaux peuvent parler et voler ? ... »
« Non, ils ne peuvent pas. »
« Oui, tu as raison, » dis-je, « Un chameau ne possède pas d'ailes. »
« Qu'est-ce que tu as, mon fils ? Chaque matin, quand tu te réveilles, tu me parles de chameau. »
Je pensais à autre chose et je lui ai dit : « Être riche est une chose salutaire, Père, n'est-ce pas ? On peut manger tout ce qu'on veut et avoir tout ce qu'on désire. N'est-ce pas vrai, Père ? »
« Ne sois pas ingrat, fils. Dieu lui-même sait effectivement qui enrichir et qui rendre sans le sou. »
Mon père formulait immanquablement cela.
Quand il a fait jour, mon père a enfilé ses pantoufles qui étaient sous sa tête.
Puis, nous sommes descendus de la charrette. Mon père a dit : « Je n'ai pas pu vendre les pommes de terre hier. Il me reste encore plus de la moitié. »
« Tu aurais dû prendre une autre marchandise. »
Mon père n'a rien dit. Il a déverrouillé le cadenas du chariot, en sortit deux sacs pleins et les a vidés sur la charrette.
J'ai soulevé la balance et les poids et je les ai rangés à côté des pommes de terre. Nous avons pris le chemin.
« Nous allons manger de la soupe », dit mon père.
Chaque matin où mon père disait : « Nous allons manger de la soupe », je savais qu'il n'avait pas dîné la veille.
Le balayeur avait strié le trottoir jusqu'au bout de la rue. Nous sommes allés en direction du parc de la ville.
Le vieux marchand de soupe était assis au bord du caniveau comme toujours, le dos tourné vers la rue et un chaudron de soupe mijotant sur un feu doux devant lui.
Trois clients, hommes et femmes, étaient assis en train d'engloutir leur soupe dans des bols en aluminium.
Il y avait la femme vendeuse de billets de loterie qui portait un voile comme Zivar, elle aussi vendeuse de billets de loterie.
Elle était accroupie et avait posé son paquet de billets de loterie sur ses genoux et avait dissimulé ses genoux de son voile poisseux.
Mon père a salué le vieil homme et nous nous sommes assis. Nous avons mangé deux petites soupes avec un morceau de pain et nous nous sommes levés.
Mon père m'a donné deux rials et m'a dit : « Je vais faire un tour. Reviens ici à midi, et nous déjeunerons ensemble. »
La première personne que j'ai vue était le fils de Zivar.
Il avait bloqué le chemin d'un homme et répétait : « Monsieur, achetez un billet. Vous serez gagnant, inchallah. Monsieur, que Dieu vous bénisse, achetez-en un. »
L'homme s’est débarrassé du fils de Zivar puis est parti.
Le fils de Zivar a murmuré plusieurs jurons et était sur le point de s'éloigner lorsque je l’ai appelé en disant : « Tu n'as pas pu le lui refiler ! »
Le fils de Zivar a répondu : « Il était de mauvaise humeur, comme s’il s'était disputé avec sa femme. »
Nous avons continué tous les deux.
Le fils de Zivar tendait un paquet de dix ou vingt billets devant les gens et répétait : « Monsieur, un billet de loterie ? Madame, un billet de loterie ? »
Pour chaque billet vendu par le fils de Zivar, il recevait un rial de sa mère.
Lorsqu'il avait couvert ses dépenses, il ne vendait plus de billets, mais jouait, courait partout, se battait ou allait au cinéma.
Il était plus riche que n'importe lequel d'entre nous. Il avait l'habitude de s'étirer dans le caniveau sous le pont à midi et de dormir une heure ou deux.
Le matin à l’aube, il se réveillait et prenait dix ou vingt billets de loterie à sa mère et entamait sa tournée pour ne pas manquer les clients de la matinée et finir son travail avant midi. Il ne voulait pas non plus gâcher son après-midi en écoulant des billets.
Le fils de Zivar avait écoulé trois billets alors que nous avions accédé à la rue Naderi. Quand nous y sommes arrivés, il a dit : « Je dois rester ici. »
Les magasins s’ouvraient un par un. Le magasin de jouets était fermé. Mon chameau n'était pas encore posé sur le trottoir. Je n'avais pas le cœur à tambouriner à la porte pour ne pas le déranger durant son sommeil matinal.
Je suis allé de plus en plus haut dans la ville. Les rues étaient pleines d'écoliers. Dans chaque voiture, il y avait un ou deux enfants que les parents les emmenaient à l'école.
À cette heure de la journée, je ne pouvais trouver qu'Ahmad Hosseïn pour ne plus être seul.
Après avoir sillonné plusieurs autres rues, je suis arrivé dans les rues où il n'y avait ni de fumée, ni d’odeur de saleté. Les enfants et les adultes possédaient des vêtements propres et frais. Leurs visages resplendissaient. Les filles et les femmes étaient étincelantes comme des fleurs colorées. Les magasins et les maisons ressemblaient à des miroirs sous le soleil.
Chaque fois dont je venais dans de tels quartiers...
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Préambule
Samad Behringui est né le 2 juillet 1939 à Tabriz et il s’est noyé accidentellement à 29 ans, le 9 septembre 1968 dans la rivière d’Aras.
Il fut instituteur, critique et essayiste, romancier, chercheur dans le domaine du folklore azerbaïdjanais et de l’enseignement en Iran.
Dans « l'importance de la littérature pour enfants », Samad Behringui écrit : « Il est maintenant temps de prêter attention à deux points essentiels de la littérature pour enfants.
- Premièrement, elle doit avant tout être un pont entre l'univers coloré et onirique des enfants et le monde noir, plein de réalités douloureuses et tristes, de la société des adultes.
- Deuxièmement, elle doit fournir aux enfants un moyen exact de percevoir le monde et leur permettre d’évaluer, à leur échelle, des problèmes moraux et sociaux.»
Behraingui dit de lui-même : « Je ne suis pas né champignon, sans parents. J'ai grandi tel un champignon, mais je n’ai jamais baissé les bras. J’ai enduré tant de situations. Personne ne m’a instruit. J’ai grandi… Tel un nerprun bosselé et difforme, satisfait de peu d'eau et je suis devenu instituteur dans les villages d'Azarbaïdjan ».
Mon père dit : « Si on partage l'Iran parmi les Iraniens, tu n’obtiendras pas plus que ça. »
Bien que sa vie ait été trop courte, l’héritage de Behraingui inspire davantage aujourd’hui des écrivains venant d’univers distincts.
Son œuvre intemporelle « Le Petit Poisson Noir » comme « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry est la référence de cette littérature universelle philosophique et humaniste, partagée entre générations depuis plus d’un demi-siècle après sa disparition.
L’esprit de Samad, défenseur des droits humains, se résume dans cette phrase de son œuvre majeure - Le Petit Poisson Noir - : « La mort peut facilement me frapper. Mais, tant que je pourrai, je l'éviterai. Bien sûr, un jour, je serai face à la mort. L'important est quelle empreinte laissera ma vie et ma mort, dans celle d’autrui… ».
Amir Hossein Arianepour (professeur de sociologie, d'histoire de la civilisation et des sciences du comportement) écrit : « Nous avons tous écrit, travaillé, étudié, combattu, mais seul Samad a su se faire une place parmi le peuple et la majorité de la société… »
Akbar Rezizadeh (auteur) écrit : « Le chef-d'œuvre de Samad était sa vie. »
24 heures de rêve et d'éveil m'intéresse